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Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

Notes historiques et archéologiques sur les communes du canton > Grivillers

Sur le flanc de collines peu élevées, à peu de distance de Marquivillers et à 11 kilomètres à l'est de Montdidier se trouve Grivillers, village peu important et d'assez pauvre apparence. Il possède une halte sur la ligne de Chemin de fer de Picardie et Flandres.

La population, qui était de 119 âmes en 1830, en compte aujourd'hui 130. La superficie du territoire est de 339 hectares.

Le nom du village n'a subi que de très légères modifications : on trouve pourtant Grivelez en 1150. Granville, que cite le Dict. de Mr Garnier, ne peut être qu'une erreur de copiste.

Grivillers qui appartenait jadis à l'élection de Montdidier, était du bailliage et de la prévôté de Roye.

 

Les plus anciens seigneurs connus de Grivillers portaient le nom de leur terre. En 1192, Jean de Grivillers et Gaudin son fils donnent à l'abbaye d'Ourscamps quatre bouviers de terre situés à Faverolles. Noverint omnes quid Johannes Grivillers et Galdinsus ejus filius terram suam de Falevioel, circiter JJJJ bovaria ecclesiae Ursicampi in eleemosgnam concesserunt facta resignatione in manu nostria (Cart. d'Ourscamp p.443). L'acte est signé par l'évêque de Noyon et donné à Nesle.

En 1223, Héloïse de Grivillers vend aux moines de la même abbaye 7 bouviers de terre sur son héritage de Grivillers.

En 1301, un Jean de Sorel était seigneur de Grivillers.

En 1375 dans un aveu de Jehan Le Clerc de Verpillières, on trouve comme seigneur de Grivillers Jehan de Haymeville, dit Louvet, écuyer : il tenait sa seigneurie du seigneur d'Aubvillers, tenu lui-même de Nesle (Aveu et Dénomb. de G de Witasse).

En 1539, Jean de Poix, écuyer, seigneur de Seychelles, Cuvilly, s'intitule en même temps seigneur de Grivillers : il comparaît en cette qualité en 1567 à la rédaction des coutumes du gouvernement de Péronne, Roye et Montdidier. Il avait épousé Marie de Lannoy, de qui il eut François de Poix.

Nous retrouvons en 1623 une Madeleine de Poix, dame de Grivillers et de Lieubrune. Puis le domaine est possédé par Charles de Lannoy en 1634 et en dernier lieu par les Aubert.

 

Il y avait plusieurs fiefs nobles sur le territoire de ce village. Nous citerons d'abord :

1° Le fief de Romanet, qui avait donné son nom à la famille de Romanet demeurant à Montdidier : la famille de Romanet habitait, en face de St Sépulcre, une grande maison de pierre bâtie entre cour et jardin, avec pilastres cannelés à chaque étage. Cette maison sert aujourd'hui de magasin à Mr Gallois. Douchet. Louis XIV et Anne d'Autriche y logèrent lors de leurs passages dans la ville : entre autres personnages illustres, elle eut l'honneur de compter parmi ses hôtes l'immortel auteur de Phèdre et d'Ahtalie (V. de B.). Le sieur de Romanet était en 1646 trésorier général de France. Sa fille Catherine de Romanet apporta le fief de même nom en mariage à Jean Racine, en 1667. Celui-ci y vint plusieurs fois : il en parle dans une des lettres datée de Montdidier (1695) "Nous allons cette après dînée à Grivillers : j'ai fait tous mes comptes avec mon fermier et j'ai renouvelé bail avec lui". A sa mort, il laissa par son testament 300 liv. aux pauvres de Grivillers. Ce fief était en 1753 d'un revenu de 500 livres.

2° Le fief de Beauregard appartenait au XVIIe siècle aux de Monchy.

3° Citons encore le fief Cauvel appartenant à la famille du même nom et celui de la Renardière qui appartenait au siècle dernier aux seigneurs du pays : il relevait des Grandes Tournelles.

 

La paroisse appartenait autrefois au doyenné de Rouvroy : elle a été rattachée à celui de Montdidier au moment du rétablissement du culte : elle est desservie par le curé de Marquivillers.

Le collateur de plein droit de la cure était l'Evêque. D'après la déclaration faite par Me Paul Briet le 20 mai 1728, les revenus, déduction faite des charges, montaient à 310 liv. 1 sol. Mr Darsy dans son dernier ouvrage "Le Clergé du diocèse en 1789", donne un chiffre plus élevé : le revenu était alors de 495 liv.

La dîme se prenait à 7 du cent et portait sur 250 journaux de terre. De neuf setiers de grains provenant de la dîme qui était alors battu dans la grange dîmeresse, l'abbaye de Corbie avait 3 setiers, le curé 4 et le propriétaire de la grange les 2 autres plus la paille et le fourrage. On trouve ce partage de la dîme dès 1321. A cette époque la grange était fournie par Pierre de Herleville. En 1689, elle appartenait à Mr Audois, avocat à Montdidier et lui valait cent vingt cinq livres de revenu.

L'église, plusieurs fois remaniée, n'offre extérieurement rien qui attire l'attention. Le portail, d'une rare simplicité, est surmonté d'une cage en charpente servant de clocher. Une flèche assez élégante a remplacé tout récemment (1868) un campanile d'aspect assez laid. Ce clocher renfermait autrefois trois cloches : le seigneur, Me Ch. Aubert de Rozainville avait été le parrain des deux premières, appelées l'une Marie Louise, l'autre Marie Thérèse. (1725) La troisième, bénite l'année suivante en l'absence du seigneur, eut pour parrain Mr François Wable et pour marraine Marie Françoise Heurtaux, dont elle prit les prénoms.

Le nef est d'une époque plus ancienne que le chœur ; il ne reste de l'église primitive qu'un pilier cylindrique et deux arcades, dont l'une sert aujourd'hui d'entrée à la sacristie et dont l'autre actuellement bouchée ouvrait sur une chapelle.

Le chœur et l'abside ont été reconstruits au XVe siècle. Les voûtes sont dans un état parfait de conservation. Les cinq fenêtres de l'abside sont divisées par des meneaux : elles étaient primitivement garnies de vitraux. Il ne reste des peintures que dans la partie supérieure. Le 1er vitrail à gauche représente la prédication de St Jean. Sur le second en suivant se trouve la scène de l'Annonciation. La fenêtre du fond a été bouchée, quand on y a adossé le retable. La quatrième à droite près l'autel est la plus remarquable. La partie supérieure, c'est à dire le réseau formé par les meneaux est rempli de pièces disparates, mais les panneaux de la fenêtre ont conservé des restes de magnifiques vitraux.

 

Nous empruntons à l'abbé Gosselin la description de cette fenêtre.

"La travée de gauche représente l'Assomption. Marie s'élevant dans les airs occupe la partie supérieure ; il ne reste de la partie inférieure que quelques personnages et le haut des fleurs qu'on trouve selon la tradition dans le tombeau de la Vierge".

"Le panneau de droite est d'une délicatesse remarquable. Il représente les symboles de la Ste Vierge. Celle ci est revêtue d'un manteau blanc parsemé de fleurs d'or. Au dessus de sa tête paraît le Père Eternel. Il adresse à la mère de son fils ces paroles inscrites, comme les autres, en lettre gothiques sur une banderolle : Pulchra amica mea et macula non est in te. Les symboles sont disposés parallèlement à droite et à gauche de la figure principale. A gauche du spectateur, en haut, le Soleil avec cette devise : Electa ut sol ; à droite la lune avec ces mots : Pulchra ut luna. Au dessous du soleil une tour : Turris Davidica ; en regard une étoile : Stella Maris. Plus bas, à gauche, une tige de lis fleurie au milieu des épines : Sicut librum inter spinas ; en face, un miroir : Speculum justitiae. Un peu plus bas du même côté une porte flanquée de deux tourelles avec une banderolle sur laquelle on lit : Porta caeli speciosa. De l'autre côté un puits : Puteus aquarium viventm. Au dessous une fontaine scellée : Fons signatus ; en bas, au milieu et aux pieds de la Vierge une plantation de rosies avec ces mots : Plantation rosae. A gauche un jardin entouré de murs : Hortus conchisus ; à droite, une cité donc les murailles et les tours resplendissent de l'éclat du soleil : Civitas Dei. Enfin au dessus de ces deux derniers symboles s'en trouvent deux autres qui semblent servir d'encadrement au tableau : ce sont deux arbres qui s'élèvent l'un contre le meneau et l'autre du pied droit de la fenêtre : à gauche un cèdre sur le tronc duquel s'enroule une banderolle portant ces mots : sicut cedrus exaltata sum. à droite est un palmier : Quasi palma in Cades".

Le bas de cette charmante verrière manque : c'est regrettable ; car probablement les armoiries des donateurs devaient y être représentées.

Il n'y a dans la dernière fenêtre que des débris informes.

L'église est sous le vocable de N.D. d'Août.

 

Voici les noms des curés tels que nous les donnent les registres de catholicité.

1667       Maximilien Le Vasseur : il signe en 1682 : "indigne curé de Grivillers".

1692       A. Darry

1701       Paul Briet

1736       François Poupée

1777       Louis Charles Brunel. Ce fut le dernier curé de Grivillers. Quand on organisa de nouveau le service religieux, Grivillers ne fut pas placé au nombre des succursales : ce n'est plus aujourd'hui qu'une simple chapelle vicariale. Il y eut quelques titulaires.

1839-1843      .. Carles

1843-1854      Fon Etienne Clochepin

1854-1857      .. Devaux

1857-1868      .. Busin

Depuis cette époque, la paroisse est desservie par le curé de Marquivillers.

Le dernier curé, en 1792, fut nommé membre du Conseil général de Grivillers et chargé en qualité d'officier public, de la rédaction des actes de l'Etat civil.

L'An III       Denis Dufrénoy fut nommé agent municipal

L'An X         il prend le titre de maire

1808             Pierre Fon Dufrenoy

1865             Auguste Brouard

1869             Amédée Dufrénoy

1889             Octave Dufrénoy

Voilà donc une famille qui depuis 100 ans est restée, malgré les bouleversements et les changements de régime, à la tête de l'administration municipale. Nous estimons que c'est aussi honorable pour les Dufrénoy que pour le pays lui même.

 

Parmi les principaux lieux dits, on remarque : La Nation - Les Champarts - la haie Prignon - Les Vignes - La terrière - Le Marquis - La Sole du Champ à baudets - l'Ormelet, etc.

 

On trouve fréquemment, en divers endroits du territoire de Grivillers, des débris de constructions de maisons. Il y a quelques années on a découvert un très grand nombre de monnaies romaines : le plus grand nombre remonte à l'effigie d'Antoine, de Faustine, de Commode, etc.

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