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Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

Notes historiques et archéologiques sur les communes du canton > Davenescourt

La Monographie de Mr l'abbé Jumel "Davenescourt" nous a été d'un grand secours pour notre travail.

 

Davenescourt est par sa population (750 hab.) et l'étendue de son territoire (1.173 hectares) une des plus fortes communes du canton. On peut voir dans le Dictionnaire topographique de Mr Garnier les nombreuses altérations qu'a subies le nom de cette localité ; mais, même les formes les plus altérées comme Davenescort, Avenis curtis, Avenescourt, ne s'éloignent pas beaucoup de la dénomination actuelle.

Le village est bâti en amphithéâtre, sur la rive droite de l'Avre : les maisons et les rues s'étagent depuis la rivière jusqu'au château sur les flancs assez abrupts des hauteurs qui limitent la vallée et au delà desquelles s'étendent la vaste plaine du Santerre.

 

Trois sources assez abondantes vont porter à la rivière d'Avre le tribut de leurs eaux. La fontaine des Coquins, derrière les bâtiments de l'ancien prieuré. Scellier en parle dans ses manuscrits : "Chacun, dit-il, y va laver son linge sans savon" grâce à la merveilleuse qualité des eaux. La fontaine du Pas et enfin la fontaine Vallière au bas de la montagne de même nom.

Il y avait autrefois sur le territoire des vignobles assez étendus et le vin de Davenescourt, si l'on s'en rapporte au témoignage du même Scellier, valait mieux que celui de Guerbigny. Il y avait un pressoir banal et le seigneur prélevait le 7e pot de vin sur le produit des raisins qu'on y portait.

Le moulin situé sur la rivière appartenait au seigneur. D'après un titre de 1480, on voit que les habitants étaient tenus d'y aller moudre leur blé moyennant redevance.

Deux foires par an : l'une à la St Martin d'hiver (11 nov.), l'autre en janvier : le jour de St Maur. De plus on tenait marché chaque mardi. Les deux foires et le marché supprimés au XVIe siècle furent rétablis en 1790 par une ordonnance royale. A la révolution, Davenescourt perdit une seconde fois les avantages.

 

Cette localité a perdu beaucoup de son importance. C'était autrefois une ville entourée de murailles et de fossés et protégée par un château fort réputé imprenable. Il était situé sur la colline qui domine l'Avre. Sur son emplacement on a bâti à la fin du siècle dernier un château de fière apparence. Il a la forme d'un parallélogramme. Commencé en 1788, les travaux furent interrompus en 1792, repris en 1796 et achevés par Mr Gabriel de la Myre. Au dessus de la frise, dans un fronton triangulaire, un écusson avec supports porte les armes des de la Myre.

On pénétrait dans l'ancien Davenescourt par trois portes : celle d'Amiens qui subsista jusqu'en 1783 et sur laquelle se trouvait la statue de Godde Despréaux ; celle d'Hangest ou de Ste Marguerite, et enfin celle de Montdidier.

 

A cause de sa position et aussi de l'importance de son château, Davenescourt fut le théâtre de faits assez importants : nous les résumons.

En 1347, après la funeste bataille de Crécy, Philippe de Valois, qui avait réuni de nouvelles troupes, vint établir son camp à Davenescourt. Un acte du mois d'avril de cette même année est ainsi daté : datum super campos inter Montem Desiderium et Daveniscuriam. Le 2 mai suivant, le roi assistait à la messe dans la chapelle castrale. On a encore deux lettres qu'il écrivit de Davenescourt à la reine. Il marchait au secours de Calais, dont malheureusement il ne put faire lever le siège.

En 1417 pendant les luttes amenées par la rivalité du roi de France et du duc de Bourgogne, des compagnies soudards étrangers, habitués à vivre de rapines, ayant été repoussées du Boulonnais, retombèrent sur nos pays : elles étaient au service du duc de Bourgogne et commandées par un certain Gastelinas Quïmy : elles s'emparèrent de Davenescourt et y mirent le feu.

En 1429, Davenescourt était encore aux mains des Bourguignons. Beauduin de Noyelles, chambellan du duc, y commandait : la ville fut reprise par les gens du roi vers la fin de février (Monstrelet II ch.81).

En 1521, Jean Bocquet, commandant pour le service du roi au Château de Davenescourt et capitaine de 36 hommes d'armes, y passa une revue.

Plus tard, ce sont les troubles de la Ligue. Royalistes et Ligueurs couraient le pays cherchant à s'emparer des villes et des châteaux. Le duc d'Aumale qui tenait pour l'Union put, après une première tentative infructueuse, s'emparer en 1589 du château et y mit une forte garnison. Elle devait être payée sur les redevances de la terre et en cas d'insuffisance on devait abattre la forteresse. Mais dès l'année suivante, les royalistes la reprirent, mais non sans peine : la position des Montdidieriens qui tenaient le parti de la Ligue devint très critique. Aussi travaillaient-ils aux fortifications de la ville. Davenescourt et Mortemer, occupés par les partisans de Henri IV, tenaient la ville étroitement bloquée. Un des lieutenants du duc de Mayenne essaya de se rendre maître de ces deux châteaux : il échoua. Ce fut le sieur de Remaugies, Thibault de Mailly, un des chefs de le Ligue, qui reprit le château de Davenescourt où commandait Louis de Brabançon.

Le maïeur et les échevins de Montdidier décidèrent la démolition de la forteresse. Thibault fit d'abord quelques difficultés de se démettre de sa conquête ; quelques compensations en argent vinrent à bout de ses résistances. Il consentit donc à livrer le château qui fut démoli par Antoine Parmentier, de Montdidier, canonnier. Telle était l'épaisseur des murailles qu'il mit 15 à 16 jours pour les abattre avec son artillerie. Il fut requis aussitôt pour aller démolir le château de Mortemer, dont on s'était emparé.

En 1652, les Espagnols s'emparèrent de Davenescourt et après l'avoir dévasté et pillé, ils mirent le feu aux maisons : quinze furent détruites.

Davenescourt s'était relevé de ses ruines, lorsque le 18 mars 1724, 42 maisons, c'est à dire les deux tiers du village, furent détruites par un violent incendie. La violence du feu fut telle que les habitants ne sauvèrent presque rien de leurs effets ni même leurs bestiaux, comme il est porté au procès-verbal dressé le 24 mars par Le Caron de l'Eperon, président de l'élection de Montdidier. Un arrêt du Conseil (juillet 1724) autorisa l'abandon par le prieur André Menjot, ancien conseiller au parlement de Paris, de 500 pieds d'arbres à prendre dans les bois du Prieuré, au profit des habitants de Davenescourt, pour les aider à rebâtir leurs maisons.

En 1848, un autre fléau visita Davenescourt : le choléra y fit soixante dix victimes en quelques semaines.

 

Disons tout de suite que la terre et seigneurie de Davenescourt appartint d'abord (dès 1100) à la famille de Hangest, passa ensuite par alliance dans la maison de Noyelles, puis dans celle de Vicaissières, de là dans la maison de Brabançon, puis par vente, vers la fin du XVIIe siècle dans la famille de la Myre, d'où par alliance elle est entrée dans celle de Villeneuve-Bargemon. Nous donnerons à la fin de cette notice un aperçu sommaire de la suite des seigneurs de Davenescourt. Ce sera l'occasion de relater quelques faits intéressants ce pays.

 

On comptait plus de trente fiefs mouvants de la seigneurie de Davenescourt. Citons entre autres ceux de la Haute Luge - de St Hubert - de l'Abbesse (ou de Labesse) - de l'Esquelette - le fief Gayant - celui d'Argilières. Au XVe siècle, il y avait encore à Davenescourt alors entouré de murs et alvois une maison que l'on appelait l'Ostel Dargillières, du nom d'une ancienne famille - le fief du Petit Epagny, dont était possesseur Adrien Loisel. Tous les possesseurs des fiefs mouvants de la seigneurie de Davenescourt étaient tenus de servir les plaids dudit seigneur après en avoir été avertis deux fois.

 

I - PRIEURÉ - Le Prieuré de N.D. était de l'ordre des Bénédictins de Cluny et dépendait du prieuré de Lihons en Santerre. Il fut fondé au XIIe siècle par Godde Despréaux, Dame de Davenescourt, et épouse de Jean de Hangest. Cette fondation fut confirmée par Guarin, Ev. d'Amiens en 1134 et approuvée par le pape Innocent II en 1136. Le prieur avait haute, moyenne et basse justice.

D'après les déclarations du titulaire (1728) les revenus affermés ou non affermés s'élevaient, déduction faite des charges, à la somme de 2.144 livres 12 s. 3 den. Mais le bureau diocésain rectifia et mit 2.200 "attendu, dit-il, que les sommes portées pour la réparation des églises où le prieur est gros décimateur, paraissaient trop fortes, plusieurs fermiers en étant chargés par les baux". Ceux qui faisaient la déclaration de leurs revenus, craignant une augmentation d'impôts, avaient tendance à exagérer les charges et à amoindrir les revenus, sinon à les dissimuler.

Il y eut d'abord six religieux, dont un prieur. Suivant le P. Daire, il n'y avait plus au XVIe siècle que trois religieux et un prieur-curé. Enfin, vers 1590, les religieux abandonnèrent le prieuré. Scellier donne une singulière raison de cet abandon : "C'est, dit-il, parce qu'il y avait eu deux abbés de suite de la maison de Mailly qui les avaient fatigués par leurs dépenses". Ils se contentèrent d'établir un chapelain qu'ils payaient pour célébrer les offices et trois messes par semaine.

Le prieuré était situé dans le bas du village et tenait à la rivière d'Avre vers le Sud, et à la rue du Four vers le Nord. L'église était placée à l'extrêmité nord du monastère. Elle était du XIIIe siècle. Elle avait été consacrée en 1426, comme l'indiquait un carreau portant cette inscription : l'an mil CCCCXXVI fut l'église de céans dédiée le XXe jour de mai sous le vocable de l'Assomption. Elle fut détruite en 1770 sous prétexte qu'elle menaçait ruine et remplacée par une simple chapelle qui fut bénite en 1773 par le curé Antoine Duboille.

Cette chapelle servit en 1793 de salpètrière, puis fut convertie en magasin à fourrages et finalement démolie en 1820.

A l'une des fenêtres de l'ancienne église sous un écusson aux armes de l'ordre de Cluny (de gueules à deux clefs d'or en sautoir, traversées en pal d'une épée d'argent), se trouvaient les deux vers :

Stet domus haec, fluctus donec formica marinos

Ebïbat, et totium testudo perambulet orbem.

On a vu que ces souhaits de longue durée ne devaient pas s'accomplir.

- 1750 - Le prieur Commandataire de N.D. de Davenescourt nommait aux cures de Davenescourt, de Tours en Vimeu et de Dompierre (près Hesdin) comme prieur dudit Dompierre.

Tous les biens du prieuré furent vendus à la Révolution ; les bâtiments furent démolis : il n'en reste qu'un corps de logis composé de trois appartements.

 

Voici les noms de quelques prieurs :

1195       .. Gauthier

1362       Philippe de Brosse. Dans un acte du 21 décembre, il se plaint de n'avoir rien reçu des fermiers depuis six ans : mortalitatis causa et guerrarum duorum Angliae et Franciae regnum

..

1696       Joseph Berquin, sous prieur

1700       .. Meuret

1727       Siméon Tardif - prieur en même temps de Bourdeille, au diocèse de Périgueux

1773       Perchelle de la Motte. C'est lui qui fit bâtir la chapelle

1790       .. Maury. Il signa la déclaration des biens du monastère présentée à l'Assemblée provinciale de Montdidier.

..               .. Danières : ce fut le dernier prieur. Il habitait Rouen et venait passer deux mois par an à Davenescourt.

 

II - CURE ET EGLISE - Ce furent les religieux du prieuré qui administrèrent d'abord la paroisse ; ainsi en était-il dès le XIVe siècle. Le prieur était prieur-curé. Plus tard quand les religieux abandonnèrent leur maison, ils conservèrent leurs droits et le prieur, en qualité de patron et de curé primitif, nomma à la cure : ils gardèrent jusqu'à la Révolution ce privilège, et payèrent au curé pour son gros 4 muids de blé estimés 134 liv. 8 s.

D'après la déclaration faite en 1728 par le curé, les revenus nets étaient de 696 liv. ; en 1789, ils s'élevaient à 1.310 livres.

 

En 1644, la paroisse de Davenescourt, avec vingt deux autres paroisses détachées du doyenné de Montdidier, alors trop étendu, fut érigé en doyenné ; voici ces paroisses :

Aubvillers (avec Sauvillers pour annexe)

Becquigny

Boiteaux avec La Boissière

Bouillancourt

Boussicourt

Braches

Broyes (Oise)

Contoire

Davenescourt (avec Saulchoy)

Fignières

Gratibus

Hangest

Hargicourt

Grivesnes

La Hérelle (Oise)

Lignières les Roye

Malpart

Maresmontiers

Neuville-Sire-Bernard

Pierrepont

Sérévillers (avec Plainville - Oise)

Villers-Tournelle

Le titre de doyen n'était pas inhérent à la cure de Davenescourt. L'Evêque pouvait prendre indifféremment un des curés du canton. Ainsi nous voyons revêtus de ce titre :

1720       Me Canès, curé de Bouillancourt

1741       Me Boitel, curé de Gratibus, etc.

 

Voici les noms des curés de Davenescourt :

1588       Jean Decaix

1640       Bon Monvoisin. Il portait le premier le titre de doyen de Davenescourt.

1663       Jean Lempereur. Il travailla à l'embellissement de l'église.

1721       Claude César Déjardins, bachelier en théologie de la Faculté de Paris : c'est le dernier curé de Davenescourt qui ait reçu le titre de doyen.

1741       Jean Pierre Matheron

1760       Georges Wasse

1765       Nicolas Duboille. Il émigra pendant la Révolution, mais, quand les jours d'orage furent passés, il revint dans son ancienne paroisse et y mourut en 1806. Pendant son absence, MM Vimeux et Andrieux exercèrent autant que possible le Saint Ministère (de 1795 à 1798). Alors Mr Lacauchie, ancien chanoine de la Collégiale St Florent à Roye remplit les fonctions de curé jusqu'en 1804.

 

Voici la nomenclature des objets servant au culte qui furent déposés au district :

1- de l'église du Prieuré : un calice et la patène, un ciboire, deux burettes - 2 chandeliers d'acolytes - un bassin et deux coquilles - un encensoir et sa navette  - une couronne, le tout d'argent massif - une croix, une lampe et 6 chandeliers de cuivre argenté.

2- de l'église paroissiale : un calice et sa patène - un soleil - un ciboire - une croix de procession - une boîte aux saintes huiles - deux burettes, le tout en argent ; un encensoir et sa navette - un bénitier et son goupillon - deux flambeaux d'acolytes - une croix et 6 chandeliers d'autel en cuivre argenté et un candélabre en cuivre jaune.

 

Après le rétablissement du culte, le doyenné de Davenescourt disparut et la cure de Davenescourt fut réunie comme elle l'avait été avant 1644, au doyenné de Montdidier.

Le premier desservant fut Louis Détappe, qui fut successivement curé de Braches et de Ferrières et mourut doyen d'Estrées St Denis.

1808       Lamourette, qui fut successivement doyen de Rue puis d'Hallencourt et enfin de Domart en Ponthieu.

1817       Louis de Cresne (ou Cressac ou Gressac), bachelier de la faculté de théologie de Paris, docteur en médecine.

1829       Jn Be Nicolas Cailleux : il se distingua par son dévouement au moment de l'épidémie cholérique qui en 1849 fit tant de victimes à Davenescourt.

18.           Léger, depuis aumônier d.

1892       .. Candellier

 

Nous reproduisons ici à titre de curiosité quelques vers adressé par Me Charpentier, curé de Fignières, à un curé de Davenescourt que nous supposons être Antoine Duboille à en juger par l'envoi : D. Antonio du Boile, pastori de Davenescort

Quam merito Antonii Delosauri nomine pastor

      Antonium pringit moribus magenum !

Pauperibus peritura dabat sur cuncta patronus,

      Sollicita miseros tu charitate beas.

Porcos ante pedes, in cervice pone cucullam

      Antonii effigies en genuina patet.

 

Messire Charpentier n'était pas prodigue d'éloges : celui qu'il fait de ce curé de Davenescourt n'en paraîtra que plus beau.

 

L'église paroissiale est certainement l'une des plus belles du Santerre. Elle appartient au style flamboyant du XVIe. Les tombes plus anciennes qui s'y trouvaient y ont été apportées depuis.

Au transept gauche se trouve une tour massive qui sert de clocher ; les baies des ouïes sont à plein cintre. Il y eut des cloches dès 1560. Elles furent refondues une première fois en 1646, et puis encore en 1712. La sonnerie actuelle se compose de quatre cloches sorties des ateliers de Cavillier de Carrepuits : Les deux plus grosses, dont l'une, Geneviève Marguerite, pèse 2.500 kilog. et la seconde, Elizabeth Melchior Cécile, pèse 1.900 kilog., ont été fondues en 1838. La troisième fondue en 1820 pèse 1.400 kil. et se nomme Marie Françoise Maximillienne. La dernière ne pèse que 1.100 ; elle porte cette inscription : J'appartiens en toute propriété à Mr l'abbé Martin Casset, né à Dav. actuellement prêtre et 1er vicaire de la paroisse St Méry.

 

A côté des cloches se trouve un carillon composé de 40 clochettes. La tour du clocher est flanquée d'une tourelle de forme hexagonale dans le bas et ronde dans le haut ; c'est la cage de l'escalier qui comporte 130 marches.

La porte du latéral droit est richement ornée : elle est en anse de panier avec ornements courants en feuilles de chênes. Aux contreforts de chaque côté du portail sont des niches, couronnées de dais, avec les statues de Ste Anne et de St Nicolas. Au chevet de l'église est un Ecce Homo de bonne exécution.

L'intérieur présente à l'oeil de belles proportions. Le chœur et le transept sont couverts de lambris. Contre le dernier pilier de gauche est adossée la chaire ; elle provient de la collégiale St Florent de Roye et porte la date de 1720. Les quatre évangélistes décorent les panneaux de la tribune ; l'abat voix supporté par deux pilastres cannelés avec chapiteaux corinthiens est surmonté d'un ange sonnant la trompette.

Les stalles du chœur, richement travaillées, datent de 1685.

Dans le bas côté droit, est un monument funèbre élevé à la mémoire d'un ancien chapelain du château, Me Ant. Huot, mort en 1640.

Vers le bas côté gauche est la pierre tombale de Jean de Hangest (voir la généalogie en fin de notice : on y trouvera des détails sur ce personnage). Ce chevalier est représenté couvert de son armure et portant, par dessus, une tunique qui descend jusqu'aux genoux. Deux lions sont à ses pieds. Autour de la pierre est cette inscription en caractères gothiques :
Cy gist noble et honor. chevalier, Jehan, jadis appelé Rabache, seigr de Hangest, lequel fut en son temps prud'homme et vaillant aux armes et par l'espace de dix huit ans gouverna et fut lieutenant du Roy de France ès païs de Bretagne, Saintonge et Angoulmois. Et depuis trépassa à Londres en Angleterre, ostaige pour son souverain seigneur Jehan de France - Que Dieu absolve - Au mois de septembre 1363.

 

Enfin dans le chœur est cette épitaphe sur une table de marbre noir :
Icy repose la coeur de Messire Gabriel de la Myre, Chevalier, Seigneur de la Motte, baron et Chatelain de Hangest et Davenescourt, et Commandant la Citadelle de Pignerol où il est mort le 20 mars 1635 et enterré aux Jacobins de la même ville ; et aussi le coeur de dame Marie de Folleville, sa 1e femme avec celuy d'Elizabeth Largentier sa seconde, enterrée à St Paul de Paris, sa paroisse.

 

Les fonds baptismaux sont d'un beau travail. Des médaillons remarquables par leur exécution ornent la cuve, supportée par quatre gros piliers décorés de festons et d'une tête d'ange vers le milieu. La base est chargée de lions supportant des écussons. Le travail semble dater du XVIe siècle.

Signalons encore la statue de la Vierge placée au petit portail : elle provient de l'église du prieuré ; au dessous sur une banderolle on lit ces vers :

Virginis intactae dum transis ante figuram

Proetereundo Cave ne sileatur : Ave

Si l'amour de Marie en ton coeur est gravé

Souviens toi, en passant, de lui dire un Ave.

 

III - CHAPELLE CASTRALE DE ST MAUR - Au mois de juillet 1239, l'abbé de Breteuil consentit que Robert et Milon, son fils, seigneurs de Davenescourt, fissent construire. Au mois de 9bre suivant, cette fondation fut confirmée par le seigneur d'Hangest et de Davenescourt. En 1321, Rogues, seigneur desdits lieux, obtint l'amortissement de 20 liv. de rentes pour la fondation d'une chapelle destinée à remplacer l'ancienne, qui était située au bas du château et qui a duré jusqu'en 1762. Elle fut alors démolie et sur son emplacement, celle qui subsiste encore fut bâtie par Me Gabriel Melchior de la Myre. Mgr d'Orléans de la Mothe, Evêque d'Amiens, en fit la Consécration.

Le seigneur du lieu était présentateur. D'après le dénombrement de 1480, le seigneur en établissant cette chapelle y avait institué un chapelain pour y célébrer l'officie divin et avait assigné à ladite chapelle 20 liv. tournois de revenu. Plus tard, on lui assigna 31 journaux de terre. La déclaration du Chapelain en 1728 porte que les terres de la chapelle produisaient 178 setiers de blé, d'une valeur de 498# 8 s. : il y avait 178# de charges. Le chapelain était tenu d'acquitter 3 messes par semaine. Le curé qui dessert aujourd'hui la chapelle n'est tenu qu'à une basse messe les dimanches et jours de fêtes et reçoit pour ce service une indemnité de . .

 

Voici les noms des chapelains :

1640         Ant. Huot

1672         Mr Châtillon

1692         Simon Charmont

1696         Bernard Ricard

1719         Ch. Pierre Croizet

1737         Etienne Grézé

1778         Pierre Tournier

Et après la Révolution

1804         Mr Detappe

1808         Mr Lamourette. Il mourut en 1829.

C'est à partir de cette époque que la chapelle fut desservie par le curé de la paroisse. Elle n'a rien de remarquable. Elle a la forme d'un parallélogramme. La façade est ornée d'un fronton triangulaire porté sur deux colonnes. L'intérieur est orné avec la plus grande simplicité.

 

IV - MALADRERIE - On sait que la lèpre s'était propagée dans nos pays avec une rapidité effrayante à la suite des Croisades. Aussitôt la charité ouvrit pour les malheureux atteints de ce mal de nouveaux asiles sous le nom de maladreries ou léproseries. Davenescourt eut sa maladrerie.

Dès 1264, Jean de Hangest ratifia les donations faites à la maladrerie de Davenescourt par son neveu Florent. En 1600, la maladrerie St Jean de Davenescourt possédait 33 journaux de terre. L'hospice se trouvait au lieudit la Maladrerie et il était desservi par des religieux de St Lazare et de Mont-Carmel. Par l'édit du 13 juillet 1695, les biens et revenus des maladreries qu'on supprimait furent concédés à l'Hotel Dieu de Montdidier à la condition de recevoir un certain nombre de malades appartenant aux communes sur le territoire desquelles se trouvaient les maisons supprimées.

En 1849, le Bureau de Bienfaisance de Davenescourt sollicita le retour des biens de l'ancienne maladrerie. C'était une question délicate et il y eut de longues résistances. Enfin on fit droit aux réclamations de Davenescourt et d'autres communes (furent) également intéressées. En 1852, un décret révoquait la réunion ordonnée par arrêt du 13 juillet 1695 et les lettres patentes de mai 1775. Pour Davenescourt seulement, les biens représentaient une valeur de 36.000#, donnant environ 1.600# de revenu.

 

Ajoutons que Davenescourt avait aussi des biens communaux. En 1190, Godde Despréaux, dame d'Hangest et de Davenescourt, avait donné aux habitants de cette dernière commune la jouissance du marais qui s'étend entre Davenescourt et Moreuil tout en réservant ses droits seigneuriaux. En 1258, Jean de Hangest attaqua cette donation ; les habitants résistèrent et firent valoir leurs droits : il y eut donc procès. Une sentence arbitrale, confirmée par le roi Louis IX, le termina. Elle maintenait les habitants en possession. Davenescourt resta donc en jouissance de ses communaux jusqu'en 1793. On en fit alors le partage : chaque ménage (on en comptait 163) reçut 81 verges 1/2. Le reste fut cédé à Mr de la Myre.

 

Toute l'administration se trouvait, avant la Révolution, entre les mains des seigneurs : ils exerçaient ces droits par des lieutenants dits de châtellenie. Les événements de 1789 abolirent le régime féodal et tout l'ancien système d'administration. On nomma alors pour régir la commune d'abord des magistrats qui prirent d'abord le nom d'officiers municipaux, puis d'agents municipaux et enfin de maire. Nous donnons la liste de ces nouveaux administrateurs.

1792       Louis Blot, agent municipal

1793       Adrien Canevet

1794       Sylvain Debierre

1796       Vincent Lesueur

1807       Melchior de la Myre

1817       Sébastien Hénon

1821       Le comte de la Myre 2°

1825       Le comte Gabriel de la Myre

1842       Xavier Cuvillier

1852       J. Bourguignon

1857       Isidore Brulin

1865       Arsène Bourguignon

1870       Jn Be Durand

1873       .. Watelet, lequel démissionna immédiatement ?

1873       Hypolyte Soulliart

1876       Jn Be Durand 2°

1880       Clovis Bourdon

 

Parmi les lieux dits, nous remarquons : le Bois des Moines - le Marais de la Vigne - les Catiches - Les Vieilles Roussoires - le Val de Grâce (c'est probablement sur les terres de ce canton que les religieux de St Corneille de Compiègne jouissaient d'une part de dîme : ils en avaient été gratifiés en 1141 par Raoul Dalphe, qui l'avait retirée des mains d'un de ses vassaux à qui il l'avait inféodée - le Champ de Broye - les Demi-Dîmes - Le Brulé - le Catelet - Balancourt - La Maladrerie - le Champ des Vignes.

Parmi les rues : la rue du Four, ainsi nommée du four banal qui s'y trouvait - la rue Canteraine - rue de la Porte d'Amiens - la rue des Payens - la rue du Pilori : c'est à son extrémité que se trouvait le pilori de la justice du Seigneur.

 

SAULCHOY. Cette commune ne fait pas partie du canton de Montdidier : mais elle a toujours dépendue de Davenescourt pour le spirituel : aujourd'hui encore c'est une annexe de cette paroisse. A ce titre, nous devions en parler.

Le Saulchoy était un fief que possédait la famille de Runes (de Warsy).

Le curé de Davenesourt recevait 18 setiers de blé estimés 50 liv. 8 s. et 6 set. d'avoine estimés 13# 4s. pour une seconde messe qu'il était obligé de dire en la chapelle de Saulchoy tous les dimanches (déclaration du curé en 1728). En 1734, Me Claude Desjardins eut un procès avec le seigneur de Warsy au sujet de cette messe. Ledit curé ne voulait pas y aller les jours de grandes fêtes à cause de la fatigue. Un accord intervint en 1742. Le curé fut dispensé d'y aller les jours de Rameaux, de Pâques, de la Pentecôte et aussi de l'Assomption, à Noël et à la Toussaint si ces fêtes tombaient un dimanche.

 

Enfin en 1760, Me G. Wasse ne voulut plus du tout aller à Saulchoy et remercia Mr de Runes. Celui ci n'en fut pas mécontent : car il avait formé le dessein d'avoir chez lui un chapelain logé, nourri, à qui il donnerait en plus 120 livres. Moyennant quoi le chapelain disait la messe tous les jours. Les choses allèrent ainsi jusqu'à la Révolution (Scellier).

Depuis, Saulchoy a été amené à Davenescourt pour le spirituel et le curé de ce dernier pays y va dire la messe.

 

SEIGNEURS de Davenescourt - Les plus anciens seigneurs connus de Davenescourt sont les Despréaux dont un membre Godde Despréaux apporta la terre de Davenescourt en dot à Florent de Hangest (Selon Mr de Beauvillé, c'est la famille de Raineval dont le nom patronymique était des Préaux (de Pratellis).

 

Cette famille de Hangest est illustre par son antiquité : Jean I de Hangest vivait en 1100.

Jean II, son fils, épousa Hélisandre, de qui il eut Constance et Florent qui suit.

Florent paraît en 1176 (il portait : d'argent à la croix de gueules chargée de 5 coquilles d'or). Il avait épousé Godde Despréaux (de la famille de Raineval) dame de Davenescourt. Elle lui apporta en mariage sa terre de Davenescourt, qui devint simple châtellenie et releva de la baronnie de Hangest. Mais c'est de ce moment que les seigneurs de Hangest habitèrent Davenescourt et prirent le nom de seigneur dudit lieu. Nous avons vu que Godde donna la jouissance de ses marais et fonda le Prieuré.

Florent II, fils du précèdent, suivit Louis VIII dans la guerre contre les Albigeois. Il laissa :

Florent III, qui en 1258 eut un procès avec les habitants au sujet de la jouissance du marais (voir plus haut).

Guillaume de Hangest, seigneur de Davenescourt, fut en 1288 trésorier du roi de France.

Rogues, son fils, devint Maréchal de France après avoir bataillé contre les Anglais en 1347 ou 1349. Il bâtit la chapelle Castrale. Il épousa en 1er noces Isabeau de Montmorency et en 2es noces Jeanne d'Argies, de laquelle il eut :

 

Jean IV dit Rabache, qui épousa Marie de Picquigny. Il combattit vaillamment à Poitiers (1356), devint otage pour le roi Jean II, après le traité de Brétigny, et mourut à Londres en 1363. Son corps fut ramené en France et inhumé dans l'église. Nous avons rapporté plus haut l'inscription que porte la pierre tombale. Un de ses fils Charles fut inhumé près de lui en 1393. On déchiffre cette inscription :
Cy dessous cette lamme gist la chair vile de Charles de Hangest qui mourut en bon chrétien : l'âme dudict défunt que Dieu par sa miséricorde absolve et mette en paix - décédé le vendredi IVe jour de febvrier l'an MCCCLXXXXIII.

 

Jean V, petit fils et fils des précédents fut prisonnier à la bataille de Nicopolis (1396), fut épargné par Bajazet et dut payer une rançon énorme. Il avait épousé Marguerite de l'Yle, dont il eut Miles, qui suit, et une fille nommée Louise.

Miles, surnommé Rabache, épousa en 1404 Louise de Craon dont il n'eut qu'une fille Marie qui épousa d'abord Jean de Mailly ; celui ci fut tué l'année même de son mariage à la bataille de Mons en Vimeu (1421). Il ne laissa pas d'héritier. Sa veuve épousa en 2es noces Baude de Noyelles et lui apporta en dot la terre et seigneurie de Davenescourt.

 

Maison de NOYELLES - Baude laissa de son mariage avec Marie de Hangest un fils qui suit :

Charles de Noyelles ne laissa en mourant que deux filles dont l'aînée porta en 1480 la seigneurie de Hangest Davenescourt dans le famille de Vicaissières.

Maison de VICAISSIERES - Gilles de Vicaissières eut de son mariage avec l'héritière de Davenescourt une seule fille, Antoinette, qui porta en dot la seigneurie de Davenescourt dans la maison de Brabançon, en 1549, en épousant le suivant.

 

Maison de BRABANÇON : d'argent à 3 lionceaux de gueules couronnés, lampassés et armés d'or - François Duprat de Brabançon, marquis de Nantouillet. De ce mariage naquit :

Michel Duprat qui conserva la seigneurie jusqu'en 1682. Il ne laissa en mourant qu'une fille nommée Marie, laquelle épousa Jean de Barres, seigneur de Neuvy sur Allier.

Nous croyons devoir rapporter ici un trait tout à l'honneur de cette femme. Elle avait perdu son mari pendant les guerres de religion sous Charles IX. Elle fut elle même assiégée dans son château de Bessèges en Berri. Elle le défendit vaillamment ; même quand les murs et les tours furent ouverts, elle repoussa vigoureusement les attaques des royalistes. La pique à la main, elle donnait l'exemple d'un courage indomptable. Au bout de 14 jours pourtant, elle dut capituler et mit pour condition qu'elle et ses soldats auraient la vie sauve. Le Roi à qui on raconta la défense héroïque de cette femme la fit renvoyer sans rançons et reconduite chez elle avec honneur (D. Grenier. Doc. Inéd.).

La seigneurie de Davenescourt fut vendue en 1682 à Mr le Comte de la Myre pour la somme de 68.000 livres.

Maison de la MYRE - Portaient : Ecartelé au 1er et 4e d'azur à 3 aigles d'or couronnés, becqués et armés de gueules ; au 2e et 3e d'or à la bande gueules accostée de 3 merlettes de sable à senestre et d'un tourteau de même à dextre.

Elle était originaire de la Guyenne et très ancienne. Gabriel de la Myre épousa en 1es noces Marie de Folleville et en 2es noces Elizabeth Marie Largentier de qui il eut :

Antoine Gabriel de la Myre, Comte de Lamotte, qui épousa Marie Anne de la Ferté. Il fut lieutenant du Roi dans les villes de Montdidier, Péronne et Roye. D'où : Gabriel Melchior, qui épousa en 1es noces Marie Christine Cardevacque d'Havincourt. C'est lui qui fit bâtir la chapelle actuelle en remplacement de celle de Rogues. En 2es noces, il épousa Philippine de Cardevacque de Gouy et mourut en 1777. L'année suivante, sa veuve fit commencer le château actuel. La Révolution interrompit les travaux. La comtesse fut jetée en prison avec le second de ses enfants. Le premier avait émigré. Sur les instances des habitants de Davenescourt, la comtesse fut rendue à la liberté et retrouva ses biens qu'on avait respectés.

Son fils Alexandre Joseph Gabriel de la Myre, qui avait émigré à Hambourg revint en 1795 et épousa Françoise le Pelletier d'Aunay de qui il eut plusieurs enfants, dont :

Charles Philippe Gabriel, qui épousa Antoinette Cécile Rouillé de Fontaine ; il en eut cinq enfants  : les deux garçons Alex-Gabriel et Claude-Gabriel moururent sans postérité. La 2e fille, Gabrielle Marguerite, épousa en 1857 Mr le Marquis Elzéas de Villeneuve-Bargemon et lui apporta en dot la terre de Davenescourt.

 

Maison de VILLENEUVE-BARGEMON - Porte : de gueules fretté de 6 lances d'or les claires voies remplies de 12 écussons de même et sur le tout d'azur à une fleur de lys.

De ce mariage sont issus trois garçons : 1° Joseph Hélion Alban Gabriel né en 1859 ; 2° Hélion Louis, marié en 1894 à N. de Froissart ; et 3° Robert Palamède Elzéar.

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